La Suisse, les banques et l'argent sale

 


Auteur : Anne Mette Skipper
Traduction : Traduit du danois par Bertrand Angleys et Eva Berg Gravensten
Titre original : Schweiz, bankerne og de sorte penge, 2000
ISBN : 978-2-88329-045-8
Format : 14x22
Pages : 220
Prix : 18.90 €

Résumé du livre : Un procès retentissant à Genève, en 1998, contre un présumé patron de la mafia russe, est le point de départ de cette enquête passionnante et minutieuse pour démanteler tous les mécanismes et activités occultes du crime organisé aux ramifications internationales. L’auteur dévoile, d’une part, le vrai visage du légendaire secret bancaire suisse, masquant notamment le douloureux problème des fortunes juives oubliées et d’autre part, le blanchiment de l’argent sale et les paradis fiscaux qui servent de refuge aux escrocs de grande envergure, trafiquants d’armes et terroristes internationaux, dictateurs et hommes d’Etats corrompus, désireux d’échapper à tout contrôle.
Offrant le tableau inquiétant d’une économie parallèle qui prolifère sous les enseignes les plus honorables, cet ouvrage démontre les mécanismes d’un système bancaire qui représente une telle menace pour la paix dans le monde, que les organisations internationales ont tiré la sonnette d’alarme.

Presse : La Suisse a changé, beaucoup changé au cours des quinze dernières années. Anne Mette Skipper ne s’en plaint pas. Depuis 1988, cette journaliste danoise est la correspondante à Genève du quotidien Jyllandsposten, l’un des plus grands du pays d’Andersen. Un choix dicté par son cœur – elle a épousé un Suisse. Toutefois ses amis ne la comprirent pas à l’époque. Habitués à ne voir en elle qu’une « adepte de la bourlingue » spécialiste des droits de l’homme et du tiers-monde, ils lui lancèrent des remarques du genre : « Que vas-tu faire dans ce pays rétrograde qui discrimine la femme et où les banquiers sont des drôles de cocos. »

Anne Mette Skipper serra les dents. Mais quelques mois après son arrivée en Suisse, les événements vinrent à sa rescousse. Le Mur de Berlin s’écroula, la guerre froide s’acheva. La Suisse, repaire de fonds financiers occultes, commença sa longue introspection. Le fichage des Suisses et la chute de la maison Kopp ne furent qu’un apéritif. Les années 1990 conduiront le pays vers une autocritique sans précédent, qui atteindra son paroxysme au moment de l’affaire des fonds juifs oubliés. Suivront les grandes déconfitures, le crash du Swissair.
L’exercice n’est toujours pas achevé, mais les Suisses ont compris le message. Confronté aux mêmes problèmes que ses voisins, l’immigration clandestine, la violence, la drogue, leur pays n’est plus cette exception que le monde entier admirait ou plutôt enviait.
« Au début de mon séjour, la Suisse ressemblait à un Etat policier. Même la presse subissait ce climat : il y avait des sujets tabous, sur lesquels on ne pouvait pas écrire », a confié récemment Anne Mette Skipper au Forum des journalistes économiques (Forjec). Aujourd’hui, elle est la première à trouver que la profession en Suisse a laissé pousser ses dents.
Elle-même a pris la plume pour raconter la Suisse des banques telle qu’elle la voit, froidement et sans parti pris. Pas de véritable révélation dans ce livre qui veut s’adresser avant tout aux non-Suisses, mais un fil rouge encore inédit à notre connaissance : les affaires liées au blanchiment de Batista et Trujillo au procès de Mikhaïlov. Une fresque avec une conclusion en demi-teinte que l’on pourrait résumer comme suit : la Suisse s’est ouvert, il convient de nuancer le regard sévère que l’on porte sur elle à l’étranger. Seules les tares du monde ne changent pas, malheureusement. Les fortunes sales continueront d’exister et de polluer les places bancaires comme la Suisse.

Christian Campiche
La Liberté, 7 mai 2002